Tuesday, September 1, 2009

Onirophobie

Onirophobie : peur des rêves

Sigmund se retrouvait propulsé devant le Sphinx. Face à la question posée, il sécha. Le Sphinx l'avala tout cru. Il se reveilla sur une route de campagne. Un Roi qui passait par là incognito fit arreter ses porteurs pour interroger ce clodo qui trainait le long d'une route sur laquelle il n'avait rien à faire.

- Eh, toi ! Reveille toi ? Que fais tu-là ?
- Hein ? Quoi ? Comment ? Où suis-je ?
- Tu es sur mon chemin, et tu ferais bien de trouver une explication...
- Mais je t'emmerde. Tu vois pas que je passe déjà une mauvaise journée ?
- Qui es tu pour me parler ainsi ?
- Et toi ?
- Sache, misérable, que je suis Laios, fils de Labdacos, Roi de Thèbes.
- Content pour toi. Et bien moi je suis Sigmund, fils de...euh... je suis Sigmund et c'est déjà pas mal...
- Et bien Sigmund, tu viens de prononcer tes dernières paroles!
- Qu'est ce que tu racontes, mon vieux ?

Sur ce, Laios, fils de Labdacos, Roi de Thèbes, sort son épée et décapite Sigmund.

- Au temps pour moi... il s'agissait de tes avant-dernières paroles.

Sigmund rouvre les yeux qu'il ne se souvenait pas avoir fermés. Il est dans une chambre immense et luxueuse d'un siècle indéfinissable. Il reprend ses esprits, un peu perturbé par sa récente ingurgitation par le Sphinx ou sa décapitation par Laios, fils de Labdacos, Roi de Thèbes. Il ouvre les énormes portes et se retrouve dans un gigantesque palais. Il le parcourt sans rencontrer ame qui vive. Il finit dans une cour et se pose contre la fontaine en son centre. Quand Jocaste, sa mère, surgit de l'autre coté de la fontaine, il n'est meme plus surpris.

- Sigmund ! Qu'est ce que tu fais là ?
- J'espérais que tu pourrais me le dire...
- Je ne peux pas etre toujours après toi Sigmund. Il faut que tu te prennes en main. Et tes études, où en es tu ?
- Mes études ? Mais on se fout de mes études ! Je viens de me faire dévorer par le Sphinx et décapiter par Laios, fils de Labdacos, Roi de Thèbes et tu me parles de mes études ?
- Qu'as tu dit ?!?
- Oui, je sais, c'est un peu surprenant, moi meme j'ai un peu de mal à y croire, mais...
- ... Laios... O! Mon amour ! Où es tu ???
- Euh... tu veux dire que le gars qui m'a tranché le cou, tu le connais ? Belle fréquentation... enfin, étant donnée la vie de dépravée que tu mènes, ca ne m'étonne qu'à moitié...

Par reflexe, Jocaste gifle Sigmund violemment.

- Espèce de... ! C'est ton père qui avait raison !
- De quoi ? De m'avoir abandonné a ma naissance ?
- Entre autre...
- Ah bon, et qu'est ce qu'il a fait d'autre. Il ne me connait meme pas...
- Il t'a décapité !
- Merde alors...
- Surveille ton langage.
- Tu veux dire que Labdacos est mon grand-père ?
- Tu comprends vite.

Après un long silence où Sigmund digère l'information :

- Maman ?
- Oui, mon chéri ?
- Epouse-moi !
- Non mais ca va pas bien ? Plutot etre aveugle que d'entendre ca !
- Oui, t'as raison, je sais pas ce qui m'a pris. Mais tu es si belle.
- Sigmund.
- Allez. S'il te plait. Tu n'as jamais eu envie de dépuceler ton fils ?
- Si. L'autre. Oedipe. Mais pas toi ! Et puis c'est dégueulasse.
- Allez, rien qu'une fois...
- C'est un peu le principe. Mais non. Quand je dis non, c'est non. Combien de fois faudra-t-il que je te le dise ?

Sigmund commence à forcer sa mère et à la plaquer contre le sol. Il s'apprète à la violer.

- Mais voyons Sigmund, qu'est ce que tu fais ?
- Je me suis fait bouffer et décapiter aujourd'hui, je prends mon lot de consolation.
- Mais tu es fou ma parole !
- Tel mère, tel fils !
- Arrete ca tout de suite où je demande à ton frère de s'occuper de toi.
- Tu vas te taire, chienne !
- Fils de p... euh... Imbécile !
- Tu vas te taire !

Sigmund assène un grand coup sur le crane de Jocaste qui perd conscience. Il finit alors son affaire. Une fois qu'il a fini, il entend des applaudissements. Clap, clap, clap.

- Qui est là ?
- C'est moi, Sigmund.
- Ce n'est pas possible. JE suis Sigmund.
- Prouve le.
- Je viens de me faire bouffer par le Sphinx, de tuer mon père, de violer ma mère inconsciente. Que veux tu d'autre comme preuve ?
- En effet. Irréfutable. Mais je suis également Sigmund.
- Tu sais bien que c'est impossible. Sors de ta cachette que je te voie...

De l'intérieur de la Fontaine, surgit une forme dont les contours aquatiques se dissipent peu à peu pour laisser apparaitre un etre humain dont les traits ressemblent comme deux gouttes d'eau à ceux de Sigmund.

- Tu me croies ?
- C'est impossible. Il ne peut y avoir qu'un Sigmund !
- Appelle moi "Ca" si ca te chante, mais je suis bel et bien toi...

Une troisème voix, identique, se fait alors entendre, qui provient de la terre elle-meme.

- Moi aussi.
- Qu'est ce que c'est que ce bordel ?
- Sigmund, je te présente Sigmund. Un autre toi. Tu peux l'appeler "Surmoi" si ca t'aide à nous différencier...
- Bonjour Sigmund.

A ce moment, la troisième voix prend forme un mètre derrière Jocaste, toujours étendue au sol. Un etre humain apparait qui ressemble à Sigmund.

- Arretez, vous allez me rendre fou. Vous n'etes pas réels. Vous devez etre une hallucination ! Non, mais je vous jure, quelle journée de merde.

Alors que les deux autres Sigmund, "Ca" et "Surmoi" s'avancent vers lui, Sigmund prend ses jambes à son cou et fuit aussi vite qu'il le peut. Il arrive au bord d'une falaise, toujours dans l'enceinte du Palais. "Ca" et "Surmoi" lui bloquent la retraite.

- Qu'est ce que tu vas faire Sigmund ?
- N'avancez pas ou je saute ! Si vous etes moi et que je meure, vous mourrez aussi !
- Ne sois pas ridicule. Tu crois que c'est parce que le Sphinx t'a dévoré ou que notre père biologique t'a décapité que nous sommes morts ? Non. Si tu sautes, tu vas juste rajouter un peu à ta douleur mais tu ne résoudras pas tes problèmes.
- Qu'est ce que vous savez de mes problèmes ?
- Voyons Sigmund. Nous sommes toi. Nous connaissons tes problèmes aussi bien que toi, sinon mieux, car nous, nous ne nous les cachons pas.
- Puisque vous faites les malins, allez-y, dites moi : c'est quoi mon problème ?

"Ca" et "Surmoi" se regardent.

- Vas y toi.
- Non toi.
- Non toi.
- Non toi.
- Non toi.
- Non toi.
- C'est ton tour.
- Tu rigoles. La dernière fois déjà je m'y suis collé...

Sigmund qui s'impatiente, intervient:

- La ferme !!! Je veux pas savoir. Vous etes complètement dingues !

Et il saute, sous les commentaires de "Ca" et "Surmoi" qui s'éloignent de lui à mesure que les rochers se rapprochent.

- Tout ca pour pas s'avouer qu'à 30 ans, il fait toujours pipi au lit.
- Franchement, t'aurais pu lui dire...

Plus que la douleur, c'est le bruit des os qui craquent contre les rochers qui réveillèrent Sigmund Freud de son reve, en sueur.

Pourquoi Freud était onirophobique, personne ne sut jamais le dire. Mais à cause de ce petit détail, il créa des générations entières d'anxieux. En effet, il inventa ce truc appelé psychanalyse pour donner du sens à ses reves, les controler, et moins les craindre. Moralité, il en parla autour de lui, et comme à cette époque on n'avait rien de mieux à faire, on adopta rapidement la nouvelle théorie.


No comments:

Post a Comment