Tuesday, August 25, 2009

Génophobie

Génophobie = peur du sexe.

Jean-Edouard était un garcon comme tous les autres. Gamin, il jouait au foot, se moquait des filles, taquinait son petit frére Théodore. La sexualité n'avait aucun secret pour lui. Père le lui avait bien expliqué. Les abeilles, les graines, le gros ventre, le petit frère. Il avait pu suivre tout le procéssus avec Théo. Il n'avait pas bien compris comment mère avait pu perdre son gros ventre si vite, mais les abeilles ne devaient pas etre innocentes dans l'affaire.

Au collège, Jean-Edouard comprit un peu mieux la sexualité. Merci l'école. Le kiki et sa semence. La foufoune et ses règles. Lesquelles, il ne savait pas tres bien, mais il les suivrait scrupuleusement. Les abeilles semblaient etre completement releguees au role de spectatrice. Injustice.

En troisieme, Jean-Ed embrassa sa premiere fille. Sur la bouche. Il avait bien compris la sexualité, mais il a quand meme voulu vérifier quelque chose aupres de mère :

- Non, mon chéri, ne t'en fais pas. Ton amie ne peut pas tomber enceinte si tu l'embrasses.
- Vous etes sure, mère ? Meme si j'ai mis la langue ?

Bref, Jean- Edouard, quand il a atteint l'age d'etre sexuellement actif, était paré pour affronter le monde cruel des adultes qui ne peuvent s'empecher de crier de douleur à chaque fois qu'ils passaient à l'acte. Du moins, père et mère. Pourquoi il fallait faire la chose sachant qu'elle n'apportait visiblement que du mal, l'expert qu'il était n'aurait trop su le dire.

Paré ne veut pas dire précoce et Jean-Edouard voulait choisir la bonne personne. Alors il attendit. Attendit. Attendit. Il avait déjà 22 ans, suivait des études de psycho et cela faisait quelques semaines qu'il sortait avec la charmante Claire. Celle ci lui fit comprendre qu'elle avait envie de faire des choses. Ca tombait bien. Jean-Edouard aussi. Mais... au fait... quoi ?

C'était le week-end. Claire avait emmené Jean-Edouard et des amis dans la maison de campagne de ses grands-parents. Ceux-ci n'étaient plus de ce monde, la maison n'en présentait pas moins de charme. Bien au contraire. Les vieux étaient aigris, radins, vicieux et fondamentalement méchants. A se demander si l'incendie qui les a emporté était reellement accidentel.

Dans la grange Claire attira son chéri. Il était temps de butiner ! Jean-Edouard, intrigué, la regarda se déshabiller. Il n'osait avouer son pucelage. Encore moins qu'il n'avait jamais fait l'amour. Claire, devant la maladresse de son ami, lui preta main forte et se mit en tete de mieux lui expliquer ce qu'on attendait de lui dans ce genre de situation. Ne voulant pas décevoir, il écouta et fit comme elle lui expliquait. Ils étaient nus, dans le foin et Claire en était à expliquer la version orale. Jean- Edouard, qui comprenait vite, s'activait de toute sa langue selon les directives de son amoureuse. Mais alors qu'il était là, un peu dégoutté d'avoir sa bouche ainsi occupée (mais n'osant l'avouer) et humide, il s'est passé quelque chose qu'il n'avait pas prévu et aurait pourtant du prévoir : Cunégonde.

Cunégonde, abeille ouvriere sur le point de deserter, commencait à perdre patience. Ne lui avait on pas dit que l'on trouvait de fameuses graines dans le foin, savoureuses à souhait ? On s'était encore moqué d'elle. Mais c'était la derniere fois. C'est dans cet état d'esprit d'énervement total que se trouvait Cunégonde. Elle en voulait à la ruche entière et, de rage, elle planta son dard dans la première chose mobile venue. Et si ca devait etre une paire de fesses d'humain, et bien ainsi soit-il !

David était le meilleur ami de Jean-Edouard. A l'époque du moins. Ne sachant où se trouvait le barbecue de feu les grands-parents, David s'était mis en tete de trouver Claire, disparue soudainement de la maison, afin de lui demander où ses ancetres le cachaient. En passant devant la grange, il vit un tableau surprenant. Et la première chose qui lui vint à l'esprit ce fut de rentrer dans la maison et de le raconter aux autres.

Dix minutes plus tard, Jean-Edouard était rebaptisé par ses amis.

Ainsi "Cuni" est-il devenu génophobique. Et sa brillante carrière de psychologue n'y changea rien. Se mettre nu devant une femme lui devint aussi pénible que de manger du miel.

Profitions en pour noter que ce jour-là, Jean-Edouard est également devenu apiphobique...

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