Monday, August 31, 2009

Paternatalophobie

Paternatalophobie : peur des pères noël

Catherine était la femme parfaite. C'est du moins ce que pensait François, son mari avant qu'il n'aille la tromper avec une gamine de 16 ans. Catherine lui avait pourtant donné deux beaux enfants, Théo et Léa. Mais emporté par un élan incontrolé, il n'avait pu s'empecher de répondre aux avances de cette adolescente si innocente et si...jeune.

Elle s'était assise dans le métro en face de lui et n'arrétait pas de le dévisager. Elle était si belle avec ces yeux capables de percer n'importe quelle carapace. Puis elle se leva...pour s'asseoir juste contre lui. Le wagon était presque désert. François regardait autour pour vérifier et se demandait ce que cette lycéenne lui voulait. Elle posa sa main sur son genou et lui sussura dans l'oreille :

- J'ai peur monsieur...
- Mais de quoi as tu peur ?
- J'ai peur de vieillir. Je ne veux pas devenir un vieux légume, accariatre qui aboit sur son mari pour un oui pour un non et oublie la moitié de ce qui s'est passé la veille.
- C'est normal. Tout le monde a peur de vieillir.
- Oui, mais moi, j'ai aussi peur des vieux.
- Pourquoi tu me dis ca ?
- Parce que je ne connais qu'une seule chose pour ne pas vieillir, mais c'est un secret. Vous voulez le connaitre ?...

La curiosité étant la plus forte, il avait absolument voulu savoir de quoi il s'agissait. Ils sortirent du métro et il la suivit jusque dans le hall d'un hotel crasseux. C'est lui qui paya la chambre de l'hotel. Il la suivit dans l'ascenseur, glissa la clé dans la porte, pénétra la chambre et sans cesse une petite voix lui disait "Mais que fais tu ? Rentre chez toi ! Ne fais pas ca !"

Une fois le secret découvert et l'interdit consommé, il s'était rendu compte que la gamine n'était pas si innocente. Elle n'en était visiblement pas à son premier détournement de majeur. Ce ne fut l'histoire que d'une seule fois, mais c'était bien assez pour le ronger pour le reste de ses jours. Un sentiment de culpabilité l'envahit qui ne le quittera jamais.

Instinctivement, comme pour se racheter et se faire pardonner, il commença à redoubler les marques d'attention pour sa femme. Les fleurs à l'improviste, les week ends en amoureux, la surprise d'un restaurant étoilé, les bijoux...Catherine n'était pas dupe, elle savait que quelque chose s'était passé et qu'il tentait de l'amadouer ou de se racheter. Elle ne savait pas de quoi, mais elle se mit à détester tous ses cadeaux. Et un soir que noël approchait :

- Comment elle s'appelle ?
- Pardon ?
- Ta pouffe, celle à qui je dois toutes ces marques d'attention ?
- Chérie... Voyons...
- Ne me prends pas pour une conne. Je veux son nom...
- Mais puisque je te dis qu'il n'y a personne !
- Et ca, c'est quoi ?!?

Elle tenait dans la main une lettre, dans l'autre une petite culotte en dentelle. Elle lut.

"Vous avez oublié ceci. Je vous la laisse en souvenir. Restez jeune. La fille du métro."

François ne savait quoi dire. Comment avait elle retrouvé son adresse ? Comment ?!? Qu'est ce qui allait se passer ? Quelles étaient ses intentions ? Et Catherine, comment le prenait elle ?

- Voyons ma chérie, je ne sais pas de quoi il s'agit, c'est une mauvaise blague, rien de plus.
- Ben voyons ! Je veux que tu fasses tes valises et que tu t'en ailles. Sur le champ !
- Tu n'es pas sérieuse... et les enfants ? Qu'est ce que tu vas leur dire ?
- T'en fais pas des enfants. De toute façon, tu t'en es jamais vraiment occupé des enfants...je leur dirai que leur père est un salaud et ils comprendront...

La dispute était inévitable. Elle ne fut pas évitée. C'est d'abord la petite culotte qui vola, faisant relativement peu de dégats. Succédèrent les coussins, la vaisselle, les vases, les chaises... Théo avait cinq ans. Le bruit le réveilla. Il sortit de sa chambre pour venir voir de ses propores yeux la tempete qui soufflait dans le salon. A l'apparition de leur fils, Catherine et François firent front ensemble :

- Théo ! Va dans ta chambre ! Tout de suite ! Sinon, le père noel ne sera pas content ! Et tu n'auras pas de cadeaux !

Théo venait de découvrir le monde incohérent des adultes. Il fit ce qu'on lui dit, mais en guise de cadeau pour noel, ses parents divorcèrent. Le père noel ne faisait pas bien son travail. Il était méchant et injuste. Il décida de ne plus jamais lui faire confiance.

L'année d'après, il attendit le père noel de pied ferme dans le salon. A minuit, il était caché derrière le canapé, juste à coté du sapin. Cela faisait trois mois qu'il vivait avec sa mère et son nouveau conjoint, Paul. Les douze coups sonnèrent. Le père noel était en retard. Il attendit. Tout à coup, le gros monsieur tout rouge fit son apparition. Il s'approcha du sapin, se baissa et commença à installer les cadeaux sous le conifère. C'est le moment que choisit Théo pour sortir de sa cachette et sauter sur le père noel avec sa batte de base-ball. Il tapa, tapa, tapa. Le père noel était plus agile que ce qu'il avait pensé. Il esquiva, saisit la batte et la retourna contre lui. Violemment. Si violemment que Théo se réveilla quatre jours plus tard, dans un lit d'hopital. Maman était à ses cotés, avec Léa. Elles pleuraient. Paul n'était pas là, et maman lui expliqua qu'on ne le verrait plus. Plus jamais. Ca tombait bien, Théo n'aimait pas Paul. Et désormais il n'aimait plus du tout, mais alors plus du tout le père noel. Pire. Il en avait peur.

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