Tuesday, August 25, 2009

Bédéphobie

Bédéphobie = peur des Bandes Dessinées

A se demander le quotidien d'une personne atteinte de bédéphobie. Comment s'est elle rendu compte qu'elle avait peur des BD la premiere fois ? Ca a du faire comme un choc.

Imaginez, le petit John a 6 ans, on vient de lui offrir son premier Titeuf. Tous ses camarades de classes en ont déja. Il en a entendu parler et reparler dans la cours de récré. Il est tout excité à l'idée d'avoir le sien. Et la, en ouvrant le papier cadeau, il voit la couverture : "Quelle horreur ! A l'aide ! Sauvez moi !!!" John devient bleme, jette l'ouvrage loin de lui et se met a courir en rond en criant à tue tete !! Impossible de le calmer.

A dix ans, John est désormais grand. Il a le droit d'aller dormir chez son ami Kevin pour la premiere fois. Les parents de Kevin, Genevieve et Raymond, l'installent dans la chambre d'amis...au fond de la chambre, une bibliotheque couverte de Tintin et d'Asterix du grand père. Que des collectors. John leve les yeux a la bibliotheque en permanence, persuadé que le Capitaine Haddock va lui sauter dessus à coup de Sacrebleu, ou de Bachibouzouks ! Raymond le retrouve le lendemain matin, enfermé dans le placard de la chambre, emmitoufflé dans une couverture, les yeux grands ouverts fixant le vide, rougis par la fatigue d'une nuit blanche. L'inquiétude, l'hopital, les examens, l'absence d'explication.

A vingt ans, John n'a toujours pas mis les pieds dans une Fnac, mais ses amis le chargent d'aller trouver en cadeau pour son meilleur ami l'integrale de Corto Maltese. Au milieu du magasin, devant les yeux ebahis des vendeurs, John vide les rayons de BD sur le sol dans une rage qu'il ne se connaissait pas. Il faut la force de Marius, le videur, pour plaquer John au sol et l'immobiliser avant l'arrivée de la police. A coup de "Fais pas chier", Marius fit comprendre à John qu'il ne servait à rien d'essayer d'expliquer son geste. C'était pas ses oignons.

Jean-Edouard, psychologue, est en charge du cas de John. Il lui rend visite fréquemment à l hopital psychiatrique où celui ci est enfermé. Jean-Edouard, dit "Cuni", comme l'appellent ses amis (pour une histoire sinistrement peu glorieuse) se retrouve impuissant à comprendre son patient. Il découvre que John a un troisieme téton, mais cela ne l'aide pas à diagnostiquer le mal qui l'habite. Mais John n'arrete pas de répéter des phrases dénuées de sens : "Elles me regardent. Elles m'épient. Elles me veulent du mal. Je le vois dans leurs yeux. Elles sont méchantes. Mefiez vous ! Méfiez vous tous ! Il ne faut pas vous en approcher ! Elles ne sont pas ce que l'on croit".

Finalement, de dépit et pour clore le dossier, Cuni avouera un soir a Claire, son ex avec qui il a fait ses études, qu'il ne voit qu'une seule raison au dérèglement de John.

- Je ne vois qu'une raison au dérèglement de mon patient.
- Lequel, Cuni ?
- Il est bédéphobe.
- Pardon ?
- Oui je sais, je viens d'inventer le mot.
- Et ca veut dire quoi ?
- Qu'il a peur des BD. Des Bandes Dessinées.
- T'es sur de ton coup ?
- Franchement ?

Et c'est comme cela qu'est né un nouveau mot dans notre belle langue francaise. Il a été débattu un instant au coeur des hautes instances pour savoir si l'on validait le terme ou s'il ne fallait pas lui substituer "la maladie de John". Mais tous les John se sont regroupés pour marcher dans la rue (l'histoire se passe en France, ce qui explique 1) que l'on manifeste un mecontentement dans la rue et 2) que personne n'ait vraiment entendu parler de ce mouvement, étant donné le peu de John qui vivent en France) afin de marquer leur inquiétude de voir leur nom associé à un terme si peu glorieux.

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